C: Le domaine de l'armement
L'industrie et la science ne sont pas les seuls domaines à s'intéresser à la fusion nucléaire. En effet, l'armée, séduite par les énormes quantités d'énergie dégagée, s'est également servit de la fusion pour créer un nouveau type d'arme atomique: la bombe H encore appelée bombe à hydrogène ou bombe thermonucléaire.
Son fonctionnement
Alors que la bombe A utilise le principe de la fission, qui est la séparation des atomes, la bombe H utilise la fusion, qui consiste, comme son nom l'indique, à fusionner des isotopes dits fusibles. Les bombes H utilisent généralement des isotopes fusibles comme le deutérium et le tritium qui sont des isotopes de l'hydrogène.
Pour réaliser une fusion thermonucléaire, il faut chauffer les éléments fusibles de manière à les porter à très hautes températures. La température suffisante à l'amorçage de la réaction ne peut être produite que par l'utilisation d'une bombe A, qui sert donc de détonateur.
Les bombes H classiques sont divisées en deux étages :
* le premier étage est constitué d'une bombe A (sphère creuse de plutonium)
* le deuxième étage est constitué des combustibles de fusion
Les combustibles de fusion soumis à des température et pression suffisantes peuvent alors entrer en réaction de fusion.
Différente étape de la bombe H
Ses effets
La bombe est larguée d'un avion de chasse et explose à environ 500 m du sol. En 1er lieu on voit alors la première explosion de la bombe A. ensuite apparait une flash aveuglant, ensuite il y a la formation d'une énorme boule de feu qui peut atteindre 4 km de diamètre pour les plus puissantes bombes. Au coeur de cette boule de feu la température waut des dizaines de millions de degrés qui est causée par la dilatation des gaz extrêmement chauds, il y a alors une vague de chaleur qui se propage à la vitesse vertigineuse de 1000 km/h. La température au sol va jusqu'à des milliers de degrés. Sur un rayon de plusieurs kilomètres (variant suivant la puissance de la bombe) tout est vaporisé et calciné instantanément. Le flash de ces bombes peut mettre le feu à des villes ou des forêts situées à 40 kilomètres ou plus. Le souffle de l'explosion détruit les bâtiments car la pression qu'il engendre est de l'ordre de la centaine de kilogrammes par cm². A cause du vide d'air causé par la déflagration, tout est ensuite "aspiré" en sens inverse. A partir d'une cinquantaine de kilomètres du point d'impact (appelé point zéro) les populations souffrent de brûlures au 3e degré. Le nuage radioactif (fallout) de l'étape 3 se répand, les radiations provoquent, comme la bombe à fission, la mort quasi instantanée des populations les plus proches et entraînent plus tard des cancers pour ceux qui n'ont pas été exposés directement à l'explosion.
Historique des bombes H
Date de lancement : 31 octobre 1952
Opération : Ivy
Nom de la bombe : Mike
Lieu : Elugelab, Runit island, Atoll Eniwetok
Charge énergétique : 10.4 MT
Altitude de lancement : surface
Bombe Mike dans l'atoll d'Eniwetok (source: astrosurf.org)
Mike fut la première bombe H américaine. Elle forma un cratère de 1872 m de diamètre et 49 m de profondeur. 1000 fois plus puissante que la bombe atomique lancée sur Hiroshima, "Mike" ne laissera plus rien de l'îlot après son explosion.
Date de lancement : 26 mars 1954
Opération : Castle Romeo
Nom de la bombe : Bravo
Lieu : Bikini
Charge énergétique : 15 MT
Altitude de lancement : 4.2 m
bombe Bravo (source: astrosurf.org)
Bravo est la bombe H américaine la plus puissante, elle équivaut à 1000 fois Hiroshima ! La boule de feu mesurait 6 km de diamètre et la canopy 160 km. 80 millions de tonnes de terre et de corail furent vaporisés, créant un cratère de 1950 m de diamètre et de 75 m de profondeur. A 48 km de Ground Zero le personnel reçu une dose de 2 rems, l'équivalent de 100 radiographies !
Date de lancement : 31 octobre 1961
Nom de la bombe : Tsar Bomba
Lieu : Novaya Zemlya (Océan Arctique).
Charge énergétique : 50 MT
Altitude de lancement : 4000 m
bombe tsar bomba (source: astrosurf.org)
Fallout : A elle seule elle généra 25% des retombées fissiles depuis 1945 !
"Tsar Bomba", la reine des bombes, fut la bombe H la plus puissante. Nous la devons aux travaux théoriques de Yakov Zel'dovitch auquel nous devons associer les célèbres physiciens Andrei Sakharov, Vitali Ginzburg et Viktor Davidenko. On rapporte que Tsar Bomba pouvait infliger des brûlures au 3eme degré à 100 km de distance. La destruction est totale dans un rayon de 25 km et les constructions sont gravement endommagées jusqu'à 35 km de distance. On ignore quels seraient les dégâts à plus grandes distances mais il est probable que le souffle produirait encore des effets à plus de 1000 km du point d'impact.